Histoire ▬ « Aie ! » Un soupire, très long soupire. Un regard que tu connais si bien, que tu subis depuis si longtemps. C'est toujours comme ça avec toi, tu joues, tu souris, tu ris et puis tu touches quelqu'un, tu ne le fais pas exprès. Et ça arrive. Au début, c'était presque normal. Une fois. Deux fois. Trois … et puis c'est sûrement devenu lassant, un peu agaçant.
« J'ai encore pris un coup de jus, Sawyer ! Je joue plus avec toi. » Elle te fixe, cette adorable petite fille au visage de poupée et son regard est si dur, si froid. Tu peux y lire de la colère, de la haine … c'est possible, de la haine à vos âges ? Elle te chasse, et autour tout le monde l'écoute. On fuit la bête de foire, celle qu'on ne peut pas toucher sans se piquer. Si seulement tu pouvais contrôler ça, arrêter ça, si seulement tu savais ce qui fait que tu es si différente.
***
« Et … il y a une raison à ça ? Je veux dire, vous savez d'où ça provient ? » Sa voix tremblote, comme si elle se retenait de pleurer. En réalité, elle se retient de pleurer, tu le sais. Elle ne veut pas craquer devant toi, elle ne veut pas te faire peur, elle ne veut pas que tu comprennes. Mais toi, toi tu comprends tout ce qui se dit. Tu fais mine de lire ton bouquin, mais tes oreilles sont concentrées sur la discussion entre ce médecin que tu as vu tant de fois, et tes parents. Quand tu poses le regard sur eux, tu vois l'homme agiter la tête. Il n'en sait rien.
« A vrai dire, Madame Callahan, je n'ai jamais vu ça. Je dirais … que c'est un anomalie génétique et encore, je ne saurais vous dire à quel niveau … c'est, c'est inédit. Son corps stock de l'électricité à haute dose .. et forcément, à un moment il semble qu'il faille que cette tension s'évacue. D’où les décharges plus ou moins puissantes. » C'est vrai ça. Plus tu grandis, plus les années passent, plus ce qui n'était qu'a une certaine époque que des petits coup de jus se transforme en décharges plus ou moins impressionnante. Une pauvre vieille femme à même tourner de l’œil en te touchant, il y a quelques temps et c'est sans nul doute possible ce qui a conduit tes parents à consulter pour ton … soucis.
« Alors … on ne peut pas la soigner ? » Tu vois les doigts de ton père se resserrer sur la main de ta mère. Tous les deux ils attendent une réponse que tu connais déjà.
« Non … étant donné que nous ignorons d'où cela provient … je dirais malheureusement qu'il n'y a rien que la médecine puisse faire pour elle. »***
« Tu devrais arrêter d'écouter ta mère. » Tu souris. Ta maman et ta mamie du côté paternel, c'est comme chien et chat. Elles ne s'entendent pas, leurs avis et leurs positions divergent sans arrêt. Elles sont des opposés qui sans cesse se rejettent et tu dois bien avouer que malgré tout l'amour que tu portes à ta mère, tu es plus proche de ta grand-mère. Tu aimes sa façon de voir les choses, toujours du bon côté. Elle a toujours su te rassurer.
« Mamie ... » Souffles-tu.
« Oh non ma petite fille, parfois ta mère est une idiote, et mon pauvre fils l'est encore plus quand il la suit dans ses idées folles. Tu n'es pas malade. » Voilà le plus gros sujet de tension entre les deux femmes. Toi. Toi et ton … soucis. Pour ta mère, c'est une malédiction, une maladie, une anomalie qu'elle dissimule du mieux qu'elle peut. Pour ta grand-mère, c'est un cadeau, un don du ciel, pour elle tu es unique et spéciale et bien entendu, tu préfères largement sa façon de voir les choses.
« Ma chérie. Tu as un don. Ce n'est pas donné à tout le monde et crois moi, quand je te dis que tu feras de grandes choses ! »***
Des disputes, encore des disputes … tes relations avec tes parents deviennent chaotiques. Combien de fois, t'es-tu enfuis de chez toi pour courir chez ta grand-mère en larmes ? Toujours les même discours, elle sait à chaque fois trouver les mots mais cette fois, il semble qu'elle trouve la situation lassante. Lorsque tu es arrivée, il était là cet homme. Assis dans un fauteuil, une tasse de thé à la main. Il a poser son regard à la fois si sombre et si rassurant sur toi … et tu as entendu le soupire de ta grand-mère.
« Voyez … qu'est-ce que je disais. Viens donc ici, ma chérie. » Tu ne le quittes pas des yeux, tu n'y arrives pas. Un sourire, à peine visible s'est dessiner sur ses lèvres.
« Faites ça pour moi, Liam. » Il détache ses yeux de toi, et enfin tu regardes ta grand-mère.
« Je ne suis pas seul à prendre cette décision, Imogène. Ma réponse est oui … mais qu'en est-il de Sawyer ? » Un silence s'installe.
« Elle vous suivra. Pour son bien. »***
« Tu devrais arrêter d'avoir peur de ce que tu es. » Combien de fois te l'as-t-il répéter ? Une bonne dizaine, si ce n'est plus. Tu as cesser de compter.Tout comme tu as cesser de compter les jours, les semaines, les mois et les années que tu passes près de lui. Tu as fuis, fuis une maison et une famille qui ne comprenais pas. Fuis pour une vie meilleure auprès de personnes qui te ressemblent. Maintenant, tu te sens moins unique … moins singulière, et surtout tu apprends à maîtriser ce « don ».
« Réessaie. » Le seul soucis c'est qu'il t'effraie. Tu sais combien il a pu faire mal autour de toi, alors .. concentrer l'électricité de ton corps dans ta main ? Tu crains la douleur, tu crains les brûlures.
« Fais moi confiance. Fies toi à moi. » Un soupire … que ne ferais-tu pas, pour Liam Boregard ? Tu fixes ta main, te concentres … tu sens ta peau picoter, la tension arriver, puis les étincelles apparaissent, se concentrent en une boule lumineuse au creux de ta main. Elle réchauffe ta main, mais ne la brûle pas. Aucune douleur non … c'est même tout le contraire, c'est agréable et un sourire vient éclairer ton visage.
***
« C'est de la folie, ils vont directement te prendre pour cible. » Inquiète ? Oui, tu ne peux pas le nier. Tu sais que cette école, c'est tout ce que Liam a de plus précieux. Tu sais qu'il ferait tout pour la protéger, mais tu sais aussi qu'en se mettant en avant et en reprenant sa place, il s'expose très largement aux Lockwood. Un sourire se dessine sur son visage, il est sur de lui.
« Bien sur, je le sais Sawyer. C'est pour cette raison que j'ai besoin que certains d'entre vous soient là, près de moi. » Tu soupires.
« Tu saurais .. jouer les assistante, n'est-ce pas ? Une … secrétaire en somme ? » Tu plisses les yeux, un peu perdue. Ce n'est pas la première que tu ne parviens pas à suivre le fil de ses réflexions. Cet homme là à des milliards d'idées à la minute mais là … toi en secrétaire ? Dans une école.
« Parfait, alors on fait comme ça. » Il ne te laisse même pas le temps de réagir.
« Demain huit heures trente. »